Nous avons écouté Marie-Pauline Martin directrice de la philharmonie de Paris autour du thème de la valorisation du PCI et en particulier sur le lien avec les communautés comme vecteur de la pérennisation des pratiques musicales et de la « ré« animation des collections d’instruments. Mme Martin nous a présenté la philharmonie de Paris et sa spécificité (dans le cadre de la formation à l’Institut National du Patrimoine sur le PCI à laquelle nous avons participé). Il ne s’agit pas d’un musée instrumental nous dit-elle, mais comprend une définition large de la musique et en particulier l’histoire sociale de la musique. D’où l’accent mis sur la pratique musicale et les ateliers. Il s’agit donc de préserver un patrimoine immatériel vivant.

Quelques exemples des dispositifs mis en place

  • Dans la collection, des scènes de musique : à proximité des vitrines, au cœur des collections, il y a systématiquement un musicien invité à jouter. Un ou plusieurs musiciens positionnés qui jouent à la musique pendant la visite. 120 musiciens qui sont invités à se produire par an.
  • Dans les salles de concerts, la même température hygrométrique que dans les salles de musée pour que les instruments puissent être utilisés et conservés en même temps
  • Concert promenade : le public se promène avec un cortège de musicien et peut assister à une thématique musicale performée et parcourir la collection
  • Laboratoire et salle de concert mais à proximité des collections

Le numérique au service du lien avec les musiciens

Pour dépasser la salle de concert, le potentiel numérique est utilisé à travers deux collections de disque. La collection Stradivari autour d’oeuvres remarquables est le moyen qui a été mis en place pour être toujours en contact avec des musiciens. Le dernier opus fait jouer un clavecin millénaires C’est précisément le moyen qui a été trouvé pour faire sonner les instruments.
Théotime Langlois de Swarte et Tanguy de Williencourt font revivre l’intimité des salons parisiens du début du XXe siècle sur un Piano Erard de 1891 issu de la collection.

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En sous-terrain, questions déontologiques et deux positions discordantes assumées

L’interprétation historiquement informée : une doxa assumée

Avec le revival des musiques anciennes, un large regain d’intérêt apparait pour le cabinet des instruments de musique. Le problème est de trouver l’équilibre entre sauvegarde et préservation de la collection et son animation. La doxa qui a régné dans le monde des musées de la musique, c’est de ne libérer les instruments qu’à condition de les jouer dans la condition et dans le répertoire d’origine, historiquement « authentifiée ». Cela correspond à la vision qui régnait dans les années 70 qui donne une priorité absolue au patrimoine matériel. La Philharmonie respecte ce point en étant conscient que cela demande beaucoup de travail pour reconstituer ces scènes de musiques anciennes.

Ouvrir notre patrimoine sonore aux poésies sonores actuelles 

La seconde perspective s’est mise en place à tâtons afin de rester respectueuse des instruments, des communautés de musiciens qui n’ont plus le monopole des situations de jeu. Progressivement, le musée trouve des interlocuteurs comme en 2018 avec un autre label de disque pour les musiques électroniques In Fine. Il s’agit donc de travailler avec des musiciens et des labels concernés par l’histoire de la musique. Le disque Inbach ou la collaboration avec Seb Martel sont une des réalisations qui matérialisent cette deuxième position assumée du musée de faire travailler les instruments avec des musiciens et des musiques contemporaines.

Sur le disque Inbach avec Arandel, 15 instruments de la collection sont joués et auxquels on a associé des sons électroniques. Il en est de même pour l’expérience de Seb Martel au musée avec une approche plus documentaire et vidéographique. Toute l’équipe de restauration et conservation travaille donc à adapter les instruments et à accompagner les musiciens et les communautés (facteurs, chercheurs) à jouer et faire sonner les instruments…

Zineb Majdouli

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