Crée par un décret le 4 mars 1964 par André Malraux, l’Inventaire générale du patrimoine a pour mission de « recenser, étudier et faire connaitre les éléments du patrimoine qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique ». Nous avons rencontré M. Karl Michael Hoin, Directeur adjoint du service de l’inventaire des Hauts de France.

Un service à plusieurs visages

Le service de l’inventaire des Hauts-de-France regroupe sept chercheurs, quatre photographes, un cartographe-dessinateur, deux chargés de mission, deux documentalistes et un assistant à la documentation. Ce service des Hauts-de-France est reparti en deux secteurs, un pôle situé à Lille, avenue du Président Hoover, qui regroupe trois chercheurs, d’un cartographe-dessinateur, d’une documentaliste et deux photographes. Le second pôle est situé à Amiens, boulevard Albert Ier. Il est constitué de deux photographes, quatre chercheurs, d’une documentaliste, un assistant à la documentation et de deux chargées de mission de valorisation.

La division de ce pôle en deux secteurs répond à un objectif. Le service régional à pour but d’exercer sur toute la région, ainsi il est judicieux d’avoir deux pôles s’occupant alors de zones géographiques qui lui sont proches. La Somme et l’Oise sont étudiés principalement par les chercheurs d’Amiens, tandis que le Pas-de-Calais et le Nord sont étudiés par les chercheurs basés à Lille. Ces deux pôles doivent alors gérer un budget de 70 000€ qui leur est alloué, alors que le budget consacré à la culture de manière générale avoisine les 110 millions d’euros en 2022. Ainsi, on se rend compte qu’il s’agit d’une goutte d’eau et que le budget est réduit.

Les missions du service de l’inventaire

Le service de l’Inventaire du patrimoine est un service obligatoire. Ainsi toutes les régions possèdent un Inventaire général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France.

Différentes études sont réalisées par le service de l’inventaire du patrimoine. Les études thématiques qui se focalisent alors sur un thème qui leur est (normalement) donné par l’élu à la culture de la région à la suite d’une fiche scientifique rédigée pour chacun des mandats. La feuille de route que le service a à rédiger s’établit jusqu’en 2028. Cette feuille permet alors d’avoir un fil rouge durant le mandat en cours. Elle permet également d’englober un grand nombre de thématiques sur lesquels les chercheurs pourront travailler.

D’autres recherches comme les recherches topologiques qui se focalisent plutôt sur un terrain donné, principalement des cantons, ou bien tout simplement des communes visent alors, à recenser le patrimoine, principalement bâti. De l’église du village, au collège remarquable d’une ville, de la ferme seigneuriale à la porte remarquable. L’une des règles des chercheurs est d’étudier le patrimoine qui a déjà 30 ans d’existence. Ainsi tout type de patrimoine est étudié, que ce soit du patrimoine moderne, religieux, industriel etc. Chaque étude donne lieu à des productions scientifiques, des dossiers disponibles gratuitement et pour tous sur le site internet de l’inventaire. D’ailleurs, les notices et les dossiers rédigés par les membres du service de l’Inventaire bénéficient d’un contrôle scientifique. Ainsi la création de connaissance produite par les chercheurs se retrouvent sur la base Gertrude. De plus, une fois l’étude totalement terminée un ouvrage est publié. Le dernier ouvrage en date est celui de Leslie Dupuis pour les recherches, et de Pierre Thibault à la photographie, intitulé Villeneuve d’Ascq : Ville nouvelle, ville plurielle.

Le service de l’inventaire national a également créé des bases de données permettant de centraliser les notices/ dossiers sur un patrimoine particulier. Par exemple, la base Mérimée traite du patrimoine architectural, la base Palissy recense le patrimoine mobilier. Ces base de données englobent les fonds graphiques et photographique conservés par la Direction de l’architecture et du patrimoine.

De plus, le service de l’inventaire ne fait pas que des études topographiques ou thématiques. Des missions ponctuelles ou d’urgence permettent alors de sauvegarder des patrimoines qui sont sur le point d’être détruits, modifiés, ou transformés.

Malgré le travail acharné des chercheurs et des photographes, il y a encore « des trous dans la raquette » selon l’expression de Karl-Michael Hoin, directeur adjoint du service. En effet, 35% du territoire français a été recensé en trente-cinq année de recherches. Ainsi on peut imaginer qu’il s’agit d’un ordre de grandeur similaire pour les Hauts de France. Ainsi, pour le directeur adjoint du service de l’inventaire il semble plus judicieux de privilégier les études topographiques permettant alors de combler « ce trou ». Une fois toute la région traitée, les études thématiques pourront alors être plus nombreuses.

Un service méconnu.

Malgré les efforts produits pour se faire connaitre, il y a encore une véritable méconnaissance de ce service aux seins des collectivités, des habitants etc. Karl-Michael Hoin redouble d’efforts pour permettre à l’Inventaire des Hauts de France de se faire connaitre plus. Il développe dans ce sens des « partenariats » avec des laboratoires scientifiques ou des institutions muséales. Conjointement, il travaille beaucoup avec Mady Dorchies, conseillère régionale déléguée au devoir de Mémoire et à l’Inventaire du patrimoine pour développer l’image du service. De plus, monsieur Hoin essaye de créer un rapprochement entre la DRAC et l’inventaire, puisque les missions de ces deux pôles sont étroitement liées.

La décentralisation

D’abord, la compétence du service de l’inventaire était dirigée par l’Etat, mais c’est en 2004 que cette compétence obligatoire est transmise aux régions. Le bilan de la décentralisation de l’Inventaire général du patrimoine culturel de janvier 2014 revient sur les 10 ans de décentralisation et témoigne de l’augmentation des opérations d’inventaire notamment des études thématiques. En effet, Monsieur Hoin précise que les études thématiques ont été privilégiées par rapport aux études topographiques bien que ces dernières soient les plus importantes à produire puisque le territoire régional n’est pas encore totalement étudié. Ce bilan permet de faire un certain nombre de recommandations pour améliorer le service de l’Inventaire comme l’inter-opérabilité de GERTRUDE. Toutefois, la fusion des régions Hauts de France à retardé la mise en oeuvre de toutes ces recommandations. Chaque service d’inventaire avait sa façon de faire l’inventaire et tout a été bouleversé par cette fusion, demandant alors des efforts supplémentaires pour le regroupement des services amiénois et lillois.

Propos recueillis par Isaline Gorodja et Aglaya Khakimova (Patnum 21 – 23)

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