Qui est Bertrand Dupouy ?

Après avoir longtemps gratté les cordes d’une guitare, Bertrand Dupouy est devenu formateur spécialisé dans l’histoire des courants musicaux. Aujourd’hui, il donne des formations pour les agents des bibliothèques mais il est également chargé de cours sur l’histoire des musiques populaires dans deux universités, celles du Littoral à Dunkerque et à l’Institut Catholique de Lille.

Lors de la 1ère session 2122 des Rencontres Professionnelles Patnum

Pour commencer, Monsieur Dupouy nous présente par le biais d’un schéma, les trois composantes principales de la médiation : L’objet culturel, le médiateur et le public. Le but d’une médiation et non pas de créer de la connaissance, bien qu’il s’agisse d’un effet collatéral inévitable, mais il est plutôt de créer un mouvement entre ces trois composantes. En France, l’accès a la culture a toujours été très centrée sur l’objet et non sur la réception de l’objet. C’est pourtant bien cette dernière qui est importante selon Bertrand Dupouy, partir du public pour le sensibiliser à l’objet culturel. Ainsi, l’idée de la médiation est non pas de changer la perception d’une personne vis-à-vis d’un objet mais simplement de faire bouger cette perception que celle-ci soit positive ou négative. La médiation lui aura permis de percevoir l’objet d’une manière nouvelle.

« Je n’y avais jamais pensé comme ça » cette fameuse phrase si précieuse à l’évaluation d’une bonne méditation illustre bien tout l’enjeu de l’opération qui cherche simplement à opérer un glissement chez le public.

À travers cette entrevue Monsieur Dupouy nous raconte également plusieurs anecdotes d’ateliers qu’il a pu animer. Nous avons été surpris au premier abord de savoir qu’il était en mesure de proposer des conférences de méditation autour d’un objet culturel qu’il n’apprécie pas personnellement. Mais finalement, la logique qu’il suit ne comprend en aucun cas la sensibilité et le goût qu’il peut avoir pour un objet culturel donné. Un médiateur doit savoir se détacher de ses goûts personnels car cette activité ne vise pas forcément à susciter l’attrait pour un objet culturel. On ne cherche pas à faire aimer un objet mais simplement à « faire bouger » le rapport qu’on a à cet objet. Pour ce faire, Monsieur Dupouy aborde alors l’importance de déconstruire les hiérarchies culturelles. Toutes les cultures se valent « Bach n’est pas plus important que Booba » dit-il. Chaque culture ou objet a quelque chose à raconter, c’est le médiateur ou le dispositif de méditation qui permet alors de mettre en mouvement les rapports préexistants vis à vis de l’objet en question.

Nous en avons d’ailleurs fait l’expérience en direct en participant à un atelier. Bertrand Dupouy a choisi plusieurs musiques parmi lesquelles nous devions choisir notre morceau préféré et celui que nous aimions le moins. Monsieur Dupouy a volontairement choisi de confronter les personnes qui avaient des avis divergents sur une même musique afin de nous demander d’en faire une description et d’expliquer ce qui nous a plu ou déplu. Nous avons finalement été étonnés de retrouver des descriptions très similaires, qui divergeaient simplement dans l’appréciation de ces sons et des mots utilisés pour les décrire.

Cette rencontre avec Bertrand Dupouy, mêlant théorique et pratique, nous a permis d’appréhender de plus près le métier de médiateur, d’en comprendre clairement les enjeux. Dans une volonté de dé-hiérarchisation de la culture, tenter finalement de permettre à tout un chacun de percevoir un objet culturel autrement que par l’image qu’il s’en fait seul.

Une rencontre surprenante dans sa forme qui a changé notre perception du métier de médiateur. Finalement, on n’y avait jamais pensé comme ça !

Propos recueillis par Anaïs DOSANTOS & Sabrina TALAOUBRID

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